Depuis quelque temps, nos structures officielles parlent de plus en plus de reprise et d’une certaine embellie économique, notamment au niveau des exportations, de la production et des investissements.
Certes, ces indicateurs sont bons à prendre, puisqu’ils confirment que notre pays continue, même avec des moyens limités, de résister à une conjoncture aussi bien locale qu’internationale complexe. Mais ils sont loin d’être prometteurs, encore moins rassurants. Car, en termes de valeurs, ces données sont trop faibles. En comparaison de nos périodes fastes et des indicateurs de nos concurrents directs, ces données sont carrément insignifiantes.
C’est dire qu’il est très tôt de crier victoire. La Tunisie reste en pleine urgence économique et la période à venir risque d’être beaucoup plus difficile, à laquelle s’ajoutent une panne sèche de liquidités, le ralentissement des activités économiques avec notre partenaire stratégique, l’Europe, et notamment notre mise à l’écart par les principaux bailleurs de fonds internationaux.
Mais la complexité de la situation ne signifie aucunement qu’on doit baisser les bras. Loin s’en faut. Le redressement est tout à fait possible et les marges de manœuvre, si les bonnes décisions étaient prises, pourraient être importantes. Certainement pas à court terme, mais plutôt à moyen et long terme.
Les bonnes décisions doivent concerner d’abord, et comme on l’a souvent rappelé, le changement de notre modèle de développement économique dont tout le monde atteste l’essoufflement et son incapacité à répondre aux exigences de l’étape actuelle et future. Les bonnes décisions doivent concerner aussi et surtout le choix des partenaires économiques d’avenir.
On estime en effet que notre mise à l’écart par certains marchés internationaux, européens notamment, pourrait constituer une belle opportunité pour repenser sérieusement notre approche partenariale. Certaines destinations, jusque-là peu exploitées, seraient en mesure d’apporter des réponses positives aux besoins réels de l’économie nationale. Et c’est notamment le marché africain qui devrait être en point de mire.
Cela est d’autant plus vrai que ce marché s’est repositionné, voilà quelques années déjà, au centre des plus importants changements mondiaux opérés aussi bien au niveau de l’organisation, de la production que du commerce. Ce qui a aidé à développer, d’une manière significative, toutes les chaînes de création de valeurs et la sophistication même de certaines économies.
Le potentiel économique de l’Afrique est tellement conséquent qu’il lui a permis de s’assurer une croissance de plus en plus forte. Un rapport récent de la BAD relève que pour 2023-2024, la croissance du continent devrait dépasser celle du reste du monde, avec un PIB réel en hausse d’environ 4% en moyenne. Le rapport assure même que l’Afrique devrait être la deuxième région à la croissance la plus rapide après l’Asie.
La Tunisie doit donc repenser sérieusement cette piste. D’autant que malgré notre adhésion à la zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), le niveau d’intégration reste trop timide par rapport à d’autres pays du continent.